"Alice au pays des merveilles" : Entre le rêve et la réalité, quel chemin choisir ?

-Oh ! Mais que se passe-t-il ?! Ce n'est pas un livre en tout cas...Qu'est-ce que c'est ? On dirait un...un...
-Un terrier, il me semble. Un terrier de lapin, d'ailleurs...
-Ah bon ? Mais que vient faire un terrier au milieu d'une bibliothèque ?! Et pourquoi je suis en robe bleue, moi ?
Et qui êtes-vous, vous ?! Que vient faire un dodo dans ma bibliothèque...
-Mais qu'est-ce que c'est que toutes ces questions ? Je n'en sais rien moi ! Vous n'avez qu'à demander au chapelier !
-Pourquoi moi ? Je n'ai pas que ça à faire figurez-vous ! Je suis très occupé, voyez-vous je cherche tous les mots commençant pas la lettre "m" ! Oh, au fait mademoiselle, je vous souhaite un joyeux non-anniversaire !
-Mais ce n'est pas mon... Bon laissons tomber...Oh, voilà un lapin à redingote maintenant ! Le terrier doit être à lui...
-Dépêchez-vous, nous sommes en retard, vite ! vite !
-Hein ? (où a t-il pêché cette montre à gousset, l'animal ?) En retard pourquoi ? Et vous pourriez mettre votre terrier ailleurs, je vous signale qu'ici...
-Qu'on lui coupe la tête !, cria une petite voix au loin.
-Que ?
-Oh, je l'entends arriver ! vite, plongez vite !

Sur ce, il poussa du pied la pauvre jeune fille qui soupira avant de s'enfoncer dans les ténèbres, suivie du Dodo, du chapelier fou, et du lapin blanc...

**************

Alice au pays des Merveilles

Lewis Caroll

1865
Autre nouvelle du même thème : La traversée du miroir et ce qu'Alice trouva de l'autre côté

Résumé :

Tandis qu'elle s'ennuie sur la berge d'un fleuve, Alice voit tout à coup passer un lapin blanc, ce qui n'a rien d'exceptionnel, mais, chose surprenante, elle le voit également tirer une montre de la poche de son gilet. Intriguée, la voilà qui se lance à sa poursuite. Le lapin disparaît dans un grand terrier : elle décide d'y descendre à son tour.
C'est à la demande d'une vraie petite fille, justement prénommée Alice, que Charles Dodgson, professeur de mathématiques à Oxford, couche sur le papier l'histoire qu'il lui a racontée, en promenade, un jour de l'été 1862. Trois ans plus tard, sous le pseudonyme de Lewis Caroll, il la fait paraître et, encouragé par l'accueil de la presse, lui donne pour suite La Traversée du Miroir dont le succès, en 1871, est encore plus considérable. C'est que l'auteur sait prendre l'enfant au sérieux, et du coup toucher les adultes, comme il sait se dégager assez de l'Angleterre victorienne pour ouvrir à son livre l'avenir d'une œuvre classique.

Critique :

On dit souvent que critiquer un classique est chose impossible, ce qui est relativement vrai. Bon nombre de classiques ne sont depuis bien longtemps plus des livres de loisir, mais des livres de programmes scolaires... Et c'est bien dommage ! Parce que certains méritent d'être lus hors obligation, sans contrainte...
Et Alice est un de ces livres.
Adorable conte basé sur le mélange du rêve et de la réalité, avec un soupçon de peur enfantine, Alice aux pays des merveilles et sans doute un des meilleurs classiques anglais que l'on ai jamais lu.
Très court, ce petit roman se lit toujours avec un sourire au lèvres. Le lecteur se plonge vite dans l'imagination avec les nombreux personnages farfelus créés par le génie de Charles Dodgson, alias Lewis Caroll. Du Chapelier fou aux doigts tâchés de mercure aux soldats cartes en équilibre précaire, en passant par la chenille et la Reine de Cœur, sans parler du lièvre de Mars, tous ces personnages que Alice rencontre au cours de son périple imaginaire sont uniques, fous et encore fous, et surtout étranges. Ni Alice ni même le lecteur ne savent où donner de la tête quand ils rencontrent Le chat de Chester, mi-aidant, mi-mauvais, ou même la Duchesse et son hideux porcelet. Tout ce drôle de monde baigne une ambiance mystérieuse...
C'est cette folie douce contenue dans le roman qui est extraordinaire !

Si la confrérie a choisi ce livre, c'est bien parce qu'il est le berceau du fantastique, le lit des contes et des rêves, car plus qu'un conte de fées, c'est tout un monde qui s'ouvre à nous dès le premier chapitre...

Alors gloire au fabuleux pays des merveilles ! Et joyeux non-anniversaire !

Citations :

"C'était bien beau de dire : "Bois-moi", mais la petite Alice était assez intelligente pour ne pas se hâter d'obéir."

"Ce sera vraiment bizarre, d'envoyer des cadeaux à mes propres pieds ! Et l'adresse aura l'air très étrange !
Monsieur Pied-Droit d'Alice,
Le Tapis,
près de l'Âtre
(avec les bons vœux d'Alice)"

"Si vous connaissiez le Temps aussi bien que moi, dit le Chapelier, vous sauriez qu'on ne le perd pas. Il se perd tout seul."

*note à propos du texte d'entrée : l'administratrice de la bibliothèque s'appelant Alice, cette scène se passe entre le rayon cinq et le six, dans le périmètre des classiques...